Crédit photo : Jordan Marchand
A l’occasion du festival Reperkusound, nous avons rencontré Darktek, l’un des pilier de la hardtek/tribecore.
1. Bonsoir Darktek, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Alors pour ceux qui ne me connaissent pas, le mieux c’est d’aller écouter ce que je fais, je pense que c’est le meilleur moyen. Mais en gros je suis un mec qui fait de la techno un peu marrante, un peu bourrine, j’aime bien mélanger les genres et voilà. Le but c’est juste de donner de la bonne humeur aux gens en essayant de faire quelque chose d’assez énervé quand même.
2. Tu es père de famille et couvreur de formation. Aujourd’hui tu te produits sur les plus grandes scènes mondiales. Comment expliques-tu ce succès ?
Une grande part de chance je pense. A l’origine quand j’ai commencé je faisais des morceaux comme ça enfermé dans ma chambre, je m’amusais à prendre des boucles à droite à gauche, à les assembler et à faire des trucs qui me plaisaient. Et de fil en aiguille, je me suis un peu plus spécialisé en essayant de créer complètement de A à Z tout en gardant cet esprit « je fais un truc qui me fait marrer ». Là ça fait 10 ans que je fais ça, et je le fais toujours dans le même modèle. C’est-à-dire prendre un truc qui me fait marrer et faire quelque chose avec et ça marche ! Au final, un truc qui me fait rire je le propose aux gens et ça marche donc tant mieux, je ne cherche pas à ce que ça plaise, je fais ce que j’ai envie de faire. Et justement, il y en a à qui ça ne plaît pas mais… je m’en fous haha.
3. D’où t’es venu ta passion pour la hardteck/le tribecore ? Est-ce quelque chose que tu as découvert en free ?
Alors moi j’ai découvert la hard music à 7 ans avec une compilation « Thunderdome ». En fait à cette époque-là ils faisaient des pubs à la TV et je m’en rappelle très bien, c’était la « compile Thunderdome 16 ». Et donc il y a ça qui passait à l’écran avec des squelettes, des flashs partout, de la musique bien bourrine et là j’ai dit à mon père « je veux ça, achète-moi ça s’il te plaît ! ». Donc mon père l’a acheté, j’ai eu le CD au bout de 2 jours et j’ai pas décroché quoi. Puis quand on a eu internet j’ai commencé à fouiller un peu le web, à découvrir des choses et quand j’ai commencé la composition j’étais vraiment sur du hardcore. Il y a pas mal de mes premières tracks qu’on peut trouver sur internet qui sont avec un esprit sombre et tout, d’où le nom « Darktek ». Et à force je me suis dit « mais en fait tout le monde fait des trucs avec des ambiances sombres, pourquoi pas faire des trucs pour faire rire les gens ». En plus je suis un grand déconneur de la vie donc autant essayer de les faire rire au travers de la musique et c’est ce que j’ai essayé de faire.
4. Beaucoup nous ont demandé si tu comptais refaire des morceaux du style « les Kassos » ou « l’enculeur d’arbre » ?
Il faut savoir que ces 2 titres ils ont marché, ils ont plu et comme je disais c’est un petit peu un coup de chance parce qu’en réalité c’est la recette que j’utilise toujours. J’aime bien utiliser du contenu web et en faire quelque chose. J’aime bien baser mes morceaux sur ce qui me fait rire sur internet en fait. Et l’enculeur d’arbre par exemple j’avais à la base composé uniquement le morceau sans les samples. Puis je cherchais des samples, je suis tombé sur Harold & Kumar et par hasard avec Windows Media j’ai cliqué au milieu et je suis tombé sur « espèce d’enculeur d’arbre » et je me suis dit « ça je vais le mettre dedans ». Et les Kassos c’est pareil, c’est un mec qui m’a taggué dans les commentaires « Eh ça serait marrant un remix de toi », donc je lui ai dit « vas-y je vais essayer ». Au final je fais ce qui m’inspire. Et il y a une question qui revient souvent c’est « est-ce que tu vas faire l’Enculeur d’arbre 2 ? » Alors non il n’y aura pas d’Enculeur d’arbre 2 même s’ils ont fait trois films. C’est pas parce qu’une recette a marché que j’ai envie de la refaire, justement j’ai envie de faire quelque chose d’autre qui marche mais avec autre chose et pas reprendre un truc qui a déjà marché. Je suis pas dans le même délire que la musique actuelle où on entend à la radio des centaines de remix de trucs qui viennent des années 80 qui ont été sur-épuisés. Juste parce qu’ils ont modifié 2-3 trucs ça marche et c’est ça le pire ! Alors que moi j’ai envie de toujours faire de la nouveauté. Donc il n’y aura pas non plus de Kassos 2, et sûrement pas d’ailleurs parce que j’ai des problèmes avec Canal + à cause des droits d’auteurs. Mais il y aura d’autres trucs dans le même goût qui arriveront, comme le remix de Lorenzo, c’était un truc qui m’a fait rire, je l’ai fait. Et quand je regarde les statistiques, au niveau des vues il grimpe encore plus vite que les Kassos. Donc voilà faut suivre ce que je fais et ce n’est pas moi qui vais décider d’un truc qui marche mais le public.
5. Tes musiques sont peut-être les seules du milieu que des gens complètement extérieurs à celui-ci vont apprécier écouter en soirée ou ailleurs. Qu’est-ce que cela te fait ?
Moi je trouve ça cool parce que ça introduit des gens qui étaient pas dans l’univers de la teuf ou de la hard techno à ce milieu-là et qui au final l’avaient peut-être mal jugé et ça les fait rentrer doucement dans cet univers. Il y a pas mal de mélodies, des trucs marrants, ça reste assez joyeux et un peu à la portée de tout le monde. J’ai le souvenir d’un mec qui est venu me voir en soirée et me dire « ça te dérangerait de venir avec moi pour serrer la main à mon père ? Il est venu te voir pour fêter ses 65 ans ». Du coup je vais le voir et là j’arrive devant un type au cheveux tous gris qui me dit « Oh salut Darktek, trop content de te rencontrer » ! Il avait l’air impressionné de me rencontrer alors que moi j’avais 25 ans, c’était le monde à l’envers haha ! Et au final je trouve ça génial d’avoir une fourchette aussi large. Mes morceaux peuvent très bien plaire à des gamins de 12-13 ans comme à des gens plus âgés, ça ne se limite pas à une certaine tranche d’âge et ça c’est un truc qui me plaît dans ce que je fais.
6. Peux-tu nous dire un mot sur ton projet « FAKE » avec Mimaniac ?
Fake c’est un projet qui est né parce que je voulais faire un petit retour aux sources. Comme je l’ai dit tout à l’heure j’ai commencé par le hardcore et j’ai dévié sur mes trucs un peu plus joyeux. Mais j’avais quand même dans le fond ce besoin de faire du bourrin, du gras avec une ambiance dark. Et la plupart des abonnés que j’ai ils me connaissent pour la musique que je fais maintenant et s’ils aiment pas le hardcore c’est dommage de leur « infliger » ça, de leur balancer des morceaux où ils vont être déçus et vont peut-être arrêter d’écouter. Donc du coup je vais monter un side project à côté et j’ai proposé à mon pote Mimaniac de le faire avec moi parce que lui aussi avait envie de revenir un peu au hardcore. Et du coup on a monté ce duo où on se lâche vraiment au niveau du bourrin haha. On sature, faut que ça tabasse et c’est tout ce qu’on cherche et ça fait vraiment plaisir. Alors pour l’instant ça prend un peu de temps parce que chacun de notre côté on a déjà pas mal de projets et des vies de famille à gérer mais on s’y remet sérieusement. Et je pense que pour 2018 on arriver avec un truc bien fat !
7. Tu te lances dans la co-production de soirées, peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est avec Amnexia, c’est un petit couple de photographes qui se sont lancés dans l’organisation et qui m’avaient fait jouer sur plusieurs soirées et qui pour moi gèrent ça très très bien. Ils sont ambitieux, ils ont plein d’idées et du coup j’ai eu envie de m’associer avec eux pour faire quelque chose. Donc cette année on organise des soirées Darktek Showcase dans lesquelles j’invite tous mes potes de son : Billix, Floxytek etc. La première au Glazart Paris le 6 mai a été marquée comme « partie 1 ». Ce qui veut dire qu’il y aura une partie 2 sans que celle-ci soit la finale non plus. Parce que je pense faire 3 parties sur Paris et un Darktek Showcase sur toutes les grandes villes de France. Donc ce sera 15 ou 16 dates sur toute la France avec un line up bien costaux. J’ai pas mal d’idées… Je vais pas les dire sinon il n’y a plus de surprise mais on va faire un truc cool et il y aura plus de détails dans les semaines et les mois à venir. Mais voilà la co-production c’est surtout organiser des soirées avec les copains.
8. Que penses-tu de la scène électronique française ?
Je trouve qu’on se démmerde plutôt bien parce que déjà au niveau de la hardtek/tribecore, le plus gros des artistes sont français. Niveau frenchcore ça s’est un peu extrapolé en Hollande et tout mais faut pas oublier que c’est français. Il y a beaucoup de chose qui viennent de chez nous finalement et la scène électronique française est assez variée et assez douée. On n’a rien à envier aux hollandais/allemands. Ils ont beaucoup d’artistes hardcore/frenchcore mais en France on a nos talents. Rien qu’en Basse-Normandie je peux te citer plusieurs gros artistes alors que c’est une petite région pas spécialement connue. Il y a moi, Floxytek, Psylotribe, Maissouille etc et ça prouve bien que même dans un petit coin comme ça il y a des talents et on en regorge en France. Mais justement il y a des talents qui sont pas forcément mis en avant et moi j’essaye quand je peux de le faire. Et dans notre milieu hardteck/tribecore on est une sorte de petite famille qui est basée sur le partage. S’il y des petits jeunes qui ont un truc qui déboite, on n’hésite pas à les mettre en avant et à parler d’eux. Et c’est une chose que tu ne retrouves pas dans tous les styles non plus.
9. Quels sont tes projets pour la suite ? Car tu as annoncé sur Facebook une grosse année 2017 et une énorme année 2018.
Je n’en ai pas dit plus parce que je voulais pas en dire plus. Mais dans tout ça il y a un 3ème album CD qui arrive, l’orga des soirées Darktek Showcase, l’orga d’un truc plus gros qui sera pour 2018 et encore d’autres trucs qui restent à développer mais je ne vais pas m’arrêter là.